Après l'Éternité
Étienne Verhasselt
Après l'Éternité est un recueil de nouvelles et autres textes inclassables qui tiennent autant de la fable et de la nouvelle que de la métaphysique et de la poésie. À l'instar des deux précédents, ce troisième recueil d'Étienne Verhasselt est un hommage à l’imaginaire où l’absurde se déploie dans toute sa splendeur. Et c’est toujours aussi sidérant, de sensibilité, d’humour, d’intelligence.
Extrait :
« Elle reviendra ! » On le lui répète sans cesse…
Comment leur dire qu’elle ne l’a pas quitté, que leur dernière dispute – la quantième ? – n’y est pour rien. Et qu’il ne s’agit certainement pas d’un cas isolé, que d’autres aussi doivent disparaître de la même façon.
Pour ne pas les affoler, ni la population, par prudence il n’a encore rien révélé… Combien déjà qui, au milieu de la foule, se sont ainsi volatilisés ? Et un peu partout en ville il a placé des panneaux d’alerte, mais qui prêtera sérieusement attention à sa mise en garde : « Danger : ne pas heurter les passants ! »
« Elle reviendra ! » Leur dire qu’ils se trompent, expliquer l’impensable ? À quoi bon, ils répondront qu’un amour comme le leur… que les cœurs ceci… que leur histoire cela… Et ils lui riraient au nez, le traiteraient gentiment de doux rêveur, peut-être même de cinglé.
Mais il n’a ni rêvé ni perdu la tête. Il était avec elle lorsque, dans la cohue, quelqu’un l’avait bousculée : brusquement, elle avait pivoté sur elle-même avant de rebondir sur un passant, puis sur un autre et un autre et un autre, toujours plus vite ; de choc en choc, le mouvement rectiligne uniformément accéléré avait atteint la vitesse de la lumière et pouf ! disparue.
La couverture reprend une photographie de la célèbre botaniste britannique Anna Atkins (1799-1871).
L’Auteur
Étienne Verhasselt est né à Bruxelles, en 1966. Après des études de graphisme (ESA Saint-Luc, Bruxelles), il effectue un master en psychologie clinique à l'Université Libre de Bruxelles (ULB). Il travaille actuellement dans une communauté thérapeutique.
Finaliste en 2018 du prestigieux prix Rossel, son premier recueil - Les Pas perdus - est lauréat du prix Cornélus (Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique) et du prix Magie de la Littérature (Festival international du livre Transilvania, Roumanie).
Au Tripode, il est l'auteur de Les Pas perdus (2018), L'Éternité, brève (2019) et Après l'éternité (2022).
Presse
Etienne Verhasselt semble bien un petit-fils du surréalisme, avec la liberté pour seule idéologie et pour seule règle. (…) Ces nouvelles ont toutes les formes. Souvent, c’est une voix qui rompt le silence, parfois un monologue ou un dialogue cocasse ou des listes dans lesquelles le trivial envoie bouler le sublime en lui rappelant de sortir les poubelles. Chez lui, le banal court-circuite l’exception pour sombrer dans une drôlerie, un cynisme et une lucidité mordante ou tragique. Imaginez Pierre Dac nous lisant du Schopenhauer ou Cioran déclamant du Raymond Devos. Chaque nouvelle désarçonne, déjà par sa taille, ultra-courte, et par sa maîtrise, cette mécanique de précision.
Sophie Creuz – RTBF – chronique ici
Des dialogues savoureux, (…) de l’absurde, mais surtout de l’humour, et chutes toujours surprenantes…
Thierry Bellefroid – Sous couverture
Une collection de microfictions éclair, qui dérivent parfois vers le poème en prose, le dialogue de théâtre, ou le haïku. Il est question d’artiste sans œuvres, d’écrivain malgré eux, de rêves prémonitoires, de meubles construits en phasmes (!), de méduses qui parlent. On pense à Sternberg, à Tardieu, à Savinio.
Bernard Quiriny – Lire
Dans ce troisième recueil de textes d’Étienne Verhasselt (avançons « textes » plutôt que « nouvelles », car, cette fois encore, l’écrivain se donne toutes les libertés de forme – du poème de cinq vers à la narration de cinq pages, grand maximum), tout semble basculer dans l’après – même l’éternité, si on en croit le titre.
Michel Zumkir – Les Carnets et les instants
Lire la critique ici