Tandis que les pains dorment
Rémy Disdero
« Avant toute chose j’ai à te prévenir, ami, du peu d’intérêt à tirer de cette lecture, si l’on considère sans importance la multitude de détails ayant trait à mes façons de vivre, grattement des peaux, ramassage des moutons, filatures au parc de mademoiselle Nadège, mon service chez la baronne. Dès lors, si tu as quelque affaire urgente à régler, il sera tout indiqué de remettre à plus tard la découverte de mes indécences, de mes insolences, ou de mes secrets. »
L’incipit de Tandis que les pains dorment, s’il fait mine de nous mettre en garde, nous entraine d’emblée dans un territoire singulier. Nous voici conviés sur les terres secrètes d’un homme qui, apparemment du moins, est au service d’une baronne. Mais comment dire l’extraordinaire étrangeté et intensité de ce texte qui nous dévoile la vie d’un homme à tout faire, avec une précision de détails qui confine au vertige ? On pense au trouble qui émane de L’Institut Benjamenta de Robert Walser, à la crudité qui parcourt Ma Vie secrète, à la beauté violente des textes de Georges Bataille. Tandis que les pains dorment est une révélation, celle d’un très grand écrivain.
L’Auteur
Père drouineur, mère porteuse de pain. Enfance en banlieue parisienne. Quitte l’école à seize ans. Tour à tour lieutenant de louveterie, tafouilleux, puis rabassaire. Aujourd’hui surnuméraire aux contributions directes, Rémy Disdero partage son temps entre l’Île-de-France (travail) et la Drôme (famille).